Introduction du traducteur
Dans un versement précédentnous avons présenté le texte original, la traduction et la partition de la pièce Etteilla ou le devin du siècle (Etteilla, ou le devin du siècle), écrit en l’honneur du fondateur de la cartomancie hermétique. Les paroles, écrites par un certain Messageot, étaient accompagnées d’une partition pour clavecin, adaptée d’un air de Dalayracpar une Madame Le Blanc.
Ce pamphlet, numéro 11 de celui d’Etteilla Journal projetique et patriotiquepublié en mars 1791, et dont un seul exemplaire est connu, contient quelques indications supplémentaires sur l’étendue des activités d’Etteilla, et il n’est pas sans intérêt d’examiner plus en détail les deux lettres-essais introduisant et annexées à la partition, ainsi que de spéculer sur l’identité de l’auteur et du compositeur.
Les preuves circonstancielles présentées ci-dessous, même si elles ne parviennent pas à fournir une identification positive, rendent cette probabilité plus élevée selon la prépondérance des probabilités. En conséquence, nous jugeons opportun de publier ces résultats, à titre provisoire et sous réserve de correction.
Concernant Madame Le Blanc, la seule preuve apportée par le texte est qu’elle était professeur de clavecin, prétendument élève de l’éminent compositeur. Jean-Philippe Rameauet qu’elle s’est probablement également intéressée à la cartomancie d’Etteilla. (Le corollaire, à savoir qu’Etteilla prenait également des cours de musique auprès d’elle, doit être approfondi.)
On trouve la trace d’une Madame Le Blanc, professeur de clavecin et de harpe, à Versailles, dans les almanachs de 1783 et 1789. entrée détaillée peuvent être consultés dans la base de données du Centre de musique baroque de Versailles. Cette Madame Le Blanc (1737-1797) est née à Beaune en Côte d’Or, non loin de Dijon, où elle alla vivre lorsqu’elle se maria à l’âge de 19 ans en 1756. Rameau, décédé en 1764 d’ailleurs, était originaire de Dijon, bien qu’il s’était installé à Paris en 1722. Il est donc peu probable que Madame Le Blanc ait étudié avec le compositeur aîné, alors au faîte de sa renommée. Il convient cependant de noter que la famille Rameau ne manquait ni de compositeurs ni de musiciens : tant les frère et neveu L’un des membres les plus distingués de cette famille était des organistes, et il est tout à fait possible qu’elle ait plutôt étudié avec l’un d’eux, capitalisant sur ce qui était effectivement devenu une marque. En effet, la base de données nous apprend que Madame Le Blanc a été pendant de nombreuses années organiste d’églises dans plusieurs villes de Bourgogne et de région parisienne.
Le librettiste Messageot, de Villenauxe, est sans doute le caporal-poète qui a signé ses œuvres de la même manière : en ajoutant un nom de famille à un nom de lieu et en écrivant une anthologie de poésie quelque peu controversée dédiée à la princesse de Montmorency, épouse de son commandant dans le Régiment de Touraine, le Galimathias poétiqueen 1770. Ce livre de vers, suintant d’une sentimentalité mièvre alliée à une bravade militariste, a recueilli les éloges d’un critique non moins acerbe que FM Grimmet plus tard, Paul Lacroix (le Bibliophile Jacob). Les efforts poétiques de Messageot se poursuivent, quoique à une moindre échelle, avec des contributions à diverses revues et anthologies dans les années 1780 et 1790, sans toutefois obtenir de succès notable.
Ce poète potentiel, qui se désigne dans ses vers sous le nom de Laurent, peut être identifié comme étant un certain Laurent Messageot (1746-1795) de Villenauxe, diversement décrit comme procureur, législateur, professeur de latin et homme de lettres. Villenauxe se trouve à un peu plus de 100 kilomètres de Paris, environ à mi-chemin entre Paris et Dijon.
Messageot, après avoir servi dans l’armée, s’installe à Paris, vraisemblablement en 1781, puisqu’il est décrit dans l’époque révolutionnaire cartes de sûreté comme y avoir déménagé une douzaine d’années auparavant. Ce recensement de la population fut entrepris dans le quartier de Messageot en mai 1793 et achevé au début de 1794.
À un moment donné, Messageot s’est impliqué d’une manière ou d’une autre dans la politique révolutionnaire, étant élu magistrat aux tribunaux civils de Paris (à ne pas confondre avec les tristement célèbres tribunaux révolutionnaires de l’époque). Terreur), d’abord comme juge suppléant en 1793, puis comme procureur en 1794.
Les dates et circonstances de la mort de Messageot sont quelque peu floues, puisque les principaux travaux sur les tribunaux civils donnent deux dates différentes.
Cependant, puisqu’il est répertorié comme jugeant des affaires en 1794, nous pouvons supposer avec certitude qu’il n’était pas réellement décédé en 1793. La deuxième année de décès indiquée est donnée comme An III (An 3 de la République), qui a commencé en septembre 1794 et dura jusqu’en septembre 1795. D’ailleurs, la veuve de Messageot se remaria en 1796.
Les liens qui unissent ce trio improbable ne sont pas non plus clairs. Si Etteilla et Messageot étaient quelque peu similaires en termes de parcours et de caractère, tous deux hommes de basse extraction avec des prétentions littéraires et des idéaux révolutionnaires, le premier au point de défendre ses idées par écrit à une époque où cela n’était ni rentable ni populaire, le second au point de s’impliquer dans la politique dans une période de troubles extrêmes, peu de choses suggèrent un lien concret entre eux – pour le moment.
La poésie de Messageot trahit cependant une forte influence musicale ; de nombreux poèmes étant mis sur l’air de pièces connues, principalement du vaudeville et des opéras légers, dont cet hymne au cartomancien de l’époque. Cela laisserait penser que c’est dans les milieux musicaux que Messageot et Madame Le Blanc se sont connus, ce qui reste à préciser.
https://www.youtube.com/watch?v=S94JKueOjMY
- Remarques Les Tribunaux civils de Paris, pendant la Révolution (1791-1800) Documents inédits recuellis avant l’incendie du Palais de Justice de 1871 par Aristide Douarche (2 vol.) Voir aussi Assemblée électorale de Paris, 18 novembre 1790 – 12 août, 1792 : publiées d’après les originaux des archives nationales, avec des notes historiques et biographiques

par Étienne Charavay.
*** Tu me l’as dit, mon cher Étudiant, lorsque je suis devenu à ton tour le tien dans la Science des Oracles, par leLivre de Thot
dont tu es le Rénovateur, que les hommes doivent pouvoir se passer de grand-chose. Ma faiblesse, mon Ami, est de créer un problème avec votre
Journal et ne dites pas que votre connaissance du cœur humain vous fait trembler.
ÉCOUTEZ, s’il y a des gens qui nous ridiculisent ; avec d’autres personnes, nous chanterons avec accompagnement :
Écoutez bien Etteilla, écoutez bien ET TE IL LA. Ton ami, Mad. Le Blanc.Les mots sont de
Monsieur Messageot, de Villenaux
. ***Oui, Madame et amie, ce Nº 11 fera partie de mon
Journal et il sera d’autant plus précieux que la Poésie et la Musique ont daigné faire ce superbe cadeau à l’amitié. Que les Beautés qui s’accompagneront pour chanter le
Devin du siècle
célébrez ensemble la magie qu’il faut utiliser pour garder les conjoints fidèles ou les amants constants.
Etteilla
*** Note* L’original se lit comme suit : «… il faut que les hommes s’en passent beaucoup .» On ne sait pas si s’en passer
est à lire comme un verbe réfléchi, comme nous l’avons traduit ici, ou comme une expression indiquant « beaucoup de choses doivent arriver aux hommes ». –
Lien permanent.
